Que comprendre de l’acquisition de T-mobile par ATT aux Etats Unis ?
Cette acquisition est emblématique de la financiarisation de l’économie mais aussi de l’échec de la politique de libéralisation des télecoms aux Etats-Unis.
Deutsche Telekom vend sa filiale américaine T-Mobile pour 39 milliards de dollars soit 28 milliards d’euros. Deutsche Telekom avait acquis au début des années 2000 Voice Stream et plus récemment un autre petit opérateur pour un montant de 26 milliards de dollars, mais de 32 milliards d’euros au cours de l’époque. Ce qui apparait donc comme une juteuse opération en dollars se solde par une perte de 4 milliards d’euros. Ces chiffres ont-ils un sens ? Aucun naturellement ! Dans les deux cas, l’acquisition se fait en très grande partie par échanges d’actions. Il est bien difficile de savoir qui a gagné et qui a perdu compte tenu des variations de cours de bourse et des taux de changes
Pour autant les marchés financiers ont salué cette opération avec la hausse des actions de ATT et de Deutsche Telekom le jour de l’annonce de cette opération.
Revenons un instant sur l’histoire des télécoms américains.
Au nom des lois anti-trusts, les Etats-Unis décident de démembrer en 1984 l’opérateur ATT en 7 compagnies régionales de téléphonie fixe appelées les Baby Bells et de ne laisser à ATT que les appels internationaux et ses activités industrielles et de recherche.
Une succession ininterrompue de fusion et d’acquisition a conduit à ce qu’il n’existe plus que 4 opérateurs d’envergure nationale alors que dans le même temps la téléphonie mobile faisait son apparition. L’absorption de T-mobile par ATT signera la disparition de l’un d’entre eux.
En Europe, c’est plus d’une trentaine d’opérateurs qui existent.
Alors que face aux défis mondiaux de la révolution numérique, les américains constituent des géants, l’Europe semble impuissante à organiser un marché unifié des télécoms duquel émergerait des champions.