Madame Albanel, recrutée par Didier Lombard à France Télécom-Orange en tant que Directrice de la Communication quelques mois après son départ du Ministère de la Culture, a encore frappé !
Elle était aux côtés de Beatriz Preciado, auteur de « Pornotopie, ou Play boy et l’invention de la sexualité multimédia », l’invitée de l’émission Soft power du dimanche 9 octobre sur France Culture.
Madame Albanel s’est égarée dans les limbes des nouvelles technologies avec le concept effroyable du «droit de lecture ». En déclarant : « France Télécom Orange étant un tiers de confiance, étant celui qui va gérer votre droit de lecture, vous retrouvez beaucoup de vocations de France Télécom Orange : la capacité d’innovation, la sécurité, la pérennité,… et là je trouve que l’opérateur est complètement dans son rôle. »
L’ancienne ministre de la Culture devrait savoir qu’il n’existe pas de droit de lecture. C’est l’idée de la mise en place d’un « droit de lire » qui avait provoqué un tollé contre la protection légale des DRM et la loi DADVSI.
On ne peut pas interdire à quelqu’un d’emprunter un livre à un ami pour le lire, de l’ouvrir dans une bibliothèque ou même de le feuilleter chez un libraire. La Loi interdit la reproduction d’un livre, sa récitation en public, son adaptation… mais en aucun cas sa lecture.
Mais elle a fait pire en affirmant :
« Je rappelle qu’il y a des régulateurs – et Dieu sait qu’ils sont puissants -des régulateurs français et européens, qui quelquefois privilégient presque uniquement le consommateur au détriment de grands groupes, de grands champions français ou européens. Et ça, on peut quand même le regretter quelque peu ».
Madame Albanel devrait pourtant savoir que la raison d’être d’un régulateur est d’organiser un secteur d’activité en fonction non pas des intérêts des grands groupes ou du consommateur, mais de l’intérêt de la République – et de ses citoyens – pour garantir à tous et à chacun les mêmes droits. Il est vrai que ces dernières années, l’ARCEP et la Commission de Bruxelles ont particulièrement failli à leurs missions…
Pour autant, rappelons qu’en tant que Ministre de la Culture, elle s’est opposée à un amendement déposé par les parlementaires visant à interdire aux opérateurs, et en particulier Orange à propos du foot, de diffuser des contenus exclusivement sur leur réseau.
La culture n’est pas un bien marchand comme les autres. Depuis qu’elle est chez France Télécom Orange, payée à près du triple de son salaire de Ministre, elle semble l’avoir définitivement oubliée…
Est qualifié par le Code Pénal de délit, de prise illégale d’intérêt et puni de 2 ans d’emprisonnement, le fait pour un fonctionnaire ou un agent de la fonction publique de ne pas attendre l’expiration d’un délai de trois ans avant de travailler dans une entreprise sur laquelle il a pu avoir une influence quelconque. Mais cette disposition de la Loi ne s’applique pas aux ministres eux-mêmes…