Le merveilleux label Top Employeur

Le 10 février dernier, les personnels de France Télécom-Orange ont eu la surprise de découvrir  que l’entreprise  avait reçu le label « Top Employeur » 2012 pour sa politique de ressources humaines en France.

Nous avons voulu en savoir un peu plus sur ce label…

Une petite recherche permet de vérifier qu’il s’agit d’une certification délivrée par le CRF Institute (société néerlandaise qui propose ses services dans toute l’Europe), sur la demande des entreprises. En 2010, il en coûtait 9 500 euros pour une « offre d’essai » d’un an, et 8 500 € par an pour un engagement sur 3 ans, donc jusqu’à 2012 inclus, comme permet de le vérifier un formulaire de souscription encore visible en ligne… qui audite uniquement les RH.

La gestion des ressources humaines est évaluée selon 11 thématiques, via un questionnaire de 80 questions rempli par la Direction des Ressources Humaines. Les résultats sont validés par un comité d’experts, et regroupés en 5 grands critères pour la publication : pratique de rémunération, conditions de travail, formation, évolution et gestion des talents, culture d’entreprise.

Le « label » est supposé rendre l’entreprise plus attractive quand les recrutements sont difficiles, et fidéliser les salariés, fiers d’apprendre qu’ils travaillent chez de tels modèles de vertu !

En 2012, les trois opérateurs télécoms français ont décroché le label… Réjouissons-nous donc : Orange obtient globalement le meilleur score !

Gageons que si les salariés avaient été partie prenante de l’audit, le résultat aurait été très différent ! Il suffit pour s’en convaincre de comparer quelques items avec le dernier baromètre social à France Télécom-Orange, qui lui interroge les personnels… qui  seront atterrés d’apprendre que France Télécom a ce label depuis 2009 !

Bien sûr, aucune trace ni dans l’intranet, ni sur le site corporate d’Orange, pas plus d’ailleurs que sur le site du label lui-même, qui ne présente que les résultats de l’année. Mais le web a davantage de mémoire, et permet de découvrir que CRF fait bien son marketing : après avoir vendu l’audit aux entreprises, il vend le classement détaillé à ceux qui recherchent un emploi : c’est ainsi qu’on découvre France Télécom-Orange dans la listes des heureux élus en 2009… année du pic des suicides à France Télécom, ce qui a d’ailleurs été fustigé en son temps par le site Zurbains, qui pose toutes les bonnes questions sur un tel label.

Potentiel conflit d’intérêt ?

On notera enfin que l’un des experts référencés pour pratiquer l’audit, qui figure sur le fameux formulaire de souscription, Monsieur Peretti, professeur à l’ESSEC, anime depuis 2007 des sessions de formation pour les cadres supérieurs de France Télécom-Orange. Il est donc potentiellement juge et partie, ce qui pose pour le moins une question d’éthique.

Nous pouvons donc décider d’en rire une fois de plus.