Le succès des usages liés aux données est confirmé chaque jour. Derrière ce succès grandissant c’est la logique des réseaux qui est aussi interrogée.
Le trafic mondial de la data mobile a augmenté de 70% en 2012 pour atteindre 885 petaoctets [1] par mois fin 2012 (soit 12 fois le trafic internet mondial de 2000), alors qu’il ne représentait fin 2011 que 520 petaoctets par mois. En 2012, les vitesses de connexion mobile ont plus que doublé.
En 2017, plus de 66 % des données mobiles seront générées par la vidéo. Ces chiffres [2] sont aisés à interpréter : les usages data explosent. L’arrivée de la 4G accentue ce phénomène. Le nombre de smartphones et de tablettes mais aussi des objets connectés ne cesse d’augmenter. Les utilisateurs se connectent à Internet partout, tout le temps, quel que soit le terminal utilisé.
Même si la voix est toujours considérée comme une nécessité par la plupart des clients mobiles, la data (services de vidéos, musique, TV, stockage…) est devenue une composante essentielle de l’usage.
A présent, les clients génèrent plus de trafic au travers des services d’information en ligne ou des applications mobiles que par la voix. Bientôt plus aucune distinction ne sera faite entre la voix, devenue exclusivement VoIP, et la data. L’arrivée de la technologie LTE ouvre les portes au « tout IP » et à la convergence des services.
Comment offrir une proposition de valeur ajoutée et de différentiation significative qui repose sur la connectivité et les services data ?
Dans le monde entier, fleurissent les offres « data-only » qui s’adressent au marché croissant des tablettes et des objets connectés. Certains pays n’accordent plus que des licences globales data.
Afin de permettre les usages data de leurs clients en déplacement à l’étranger dans de bonnes conditions, les opérateurs mobiles couplent de plus en plus à leurs offres avec des services data de type VoIP ou accès Wi-Fi. Leurs clients mobiles peuvent appeler depuis l’étranger, lorsqu’ils sont connectés à Internet. Même si certains pays interdisent la VoIP en raison des pertes de revenus qu’elle entraine, il est aujourd’hui certain que la croissance des opérateurs passent par la data.
Toutes les offres des opérateurs visent au développement des usages data. Il n’est pas rare de voir inclus des godets de data pour telle ou telle application, comme de la musique. L’usage des réseaux sociaux sur les mobiles développe massivement le consommation de la data. De même plus les utilisateurs auront de capacité mise à leur disposition par les opérateurs, plus ils consommeront.
La 4G saura-t-elle absorber le boom des usages data ?
La saturation des réseaux entrainée par le téléchargement de la nouvelle release de iOS 7 d’Apple témoigne des limites techniques. L’infrastructure radio supportera-t-elle la charge croissante de la data mobile ? Contrairement aux infrastructures filaires qui peuvent être renforcés, les fréquences radio sont des ressources limitées. Les technologies telles que le Wi-Fi ou les Femtocell qui s’appuient sur la capillarité du réseau fixe semblent donc nécessaires voire indispensables comme accès complémentaire au réseau mobile.
Le boîtier Femtocell, utilisé par les particuliers pour combler un manque de couverture mobile à la maison, se connecte sur une connexion internet et crée un mini-réseau cellulaire. C’est l’opérateur qui décide si seulement des numéros de mobile déclarés au préalable sur le boîtier peuvent s’y connecter, (en général limités en nombre) ou au contraire tous ses clients peuvent s’y connecter complétant un réseau parfois insuffisant.
En plus du Femtocell, le Wi-Fi peut être utilisé comme une technologie complémentaire au réseau cellulaire, ce qui est communément appelé « offload Wi-Fi ».
Cette solution économique constitue un moyen pertinent d’ajouter de la bande passante lorsque le réseau cellulaire est saturé. S’expliquent ainsi tous les enjeux de la convergence qui font des opérateurs fixes et mobiles des acteurs essentiels de la gestion de la croissance du trafic de la data.
Même si l’investissement pour fournir une couverture Wi-Fi dans des zones denses telles que les grandes métropoles mondiales reste significatif, il semble faible face aux investissements qui seraient nécessaires pour construire des réseaux LTE. En 2012, 33% du trafic data mobile mondial a été déchargé sur le réseau fixe via Wi-Fi ou femtocell, soit 429 pétaoctets chaque mois.
En 2017, près de 21 exaoctets[3] de trafic data mobile seront déchargées chaque mois sur le réseau fixe au moyen de dispositifs Wi-Fi et femtocells. Sans « offload », le trafic data mobile total devrait croitre à un taux annuel composé de 74 % entre 2012 et 2017 (ce qui revient à une multiplication par 16), au lieu d’un taux annuel de 66 % (multiplié par 13)[4].
Il est certain que l’évolution des terminaux et des applications organisera de manière transparente la connexion data de l’utilisateur au réseau Internet lui assurant le meilleur rapport qualité/prix au regard de ce qu’il aura choisi de payer. Si d’ores et déjà il existe des terminaux mobiles qui ne se connectent pas au réseau des opérateurs mobiles, la question de l’identification des utilisateurs et de la sécurité sur l’internet imposera aux différents acteurs de l’accès aux réseaux de se soumettre aux règles édictées par les Etats.
Sébastien Crozier, CEO Orange Horizons
Jean-Michel Huet, Partner, BearingPoint
Mathilde Noé, BearingPoint