La fusion des réseaux mobiles entre les opérateurs France Télécom et Deutsche Telekom signe-t-elle la fin du dogme de la concurrence libre et parfaite ?
France Télécom et Deutsche Telekom ont annoncé il y a quelques jours leur projet de fusionner leur réseau mobile dans plusieurs pays européens pays : l’Autriche, la Pologne et la Roumanie et la Slovaquie.
Quel est l’objectif de cet accord ?
Tout d’abord il s’agit de réduire les coûts en optimisant pour chacun des partenaires l’extension de la couverture sans être obligé d’investir dans le déploiement de nouveaux sites, et ceci au nom de la maximisation du rendement sur capital investi.
Mais il s’agit aussi de préparer le déploiement de la technologie 4G pour laquelle il est nécessaire d’augmenter la densité des bornes mobiles pour obtenir une couverture de même niveau que celle des technologies précédentes. C’est une règle bien connue des physiciens des ondes, plus on veut faire passer un débit important, plus la fréquence doit être élevée, et des lors plus l’énergie nécessaire pour propager l’onde à une distance donnée doit être forte. Or l’augmentation de la puissance éveille les craintes de conséquences sur la santé. La seule solution réside dans la multiplication du nombre de points d’émission de plus faible puissance.
De plus on constate que dans tous les pays européens, les opérateurs tissent entre eux des alliances ou des accords de ce type. Dans un autre genre, France Télécom a monétisé la possibilité pour Free d’utiliser son réseau dans les zones où ce dernier serait trop faible.
Il est permis de se poser une question : si les opérateurs mettent en commun leurs infrastructures mobiles, qu’en est-il de la véritable concurrence que nous promettent les technocrates bruxellois ? En réalité, on voit ici les limites du modèle de concurrence sur les marchés à infrastructure unique… Il n’est pas économiquement acceptable pour un pays de déployer plusieurs infrastructures redondantes. Imagine-t-on plusieurs réseaux ferrés ou d’autoroutes concurrents? Assurément non !
France Télécom et Deutsche Telekom viennent d’illustrer que sur le marché de la téléphonie mobile, il en va de même.
Où se situe donc la véritable concurrence ? Sur un prix final au client alors que les différents opérateurs ont le même cout de réseau ?
Le modèle de concurrence libre et parfaite ne peut s’appliquer sur tous les secteurs. C’est pour ça qu’il appartient à l’Etat d’organiser des conditions de marchés qui favorisent l’investissement, assurent l’aménagement du territoire et protègent les citoyens.