France Télécom et Deutsche Telekom vont-ils fusionner pour constituer un opérateur de taille mondiale ?
France Télécom et Deutsche Telekom viennent d’annoncer la création d’une filiale commune pour gérer leurs achats.
Ce rapprochement est d’abord destiné à réduire les coûts et maximiser les profits.
Le marché de la téléphonie en Europe est mature. La pression concurrentielle reste forte et les marges se dégradent lentement. Le niveau de dividendes exigé par les actionnaires des deux opérateurs historiques est élevé, même si Deutsche Telekom a réussi à desserrer l’étau en baissant le sien de 10% cette année.
Les financiers exigent donc la mise en place de nouvelles stratégies d’économies. La mutualisation des achats devrait produire, sous 3 ans, 900 millions d’euros côté France Télécom, et 400 côté Deutsche Telekom.
Après avoir mis en place une co-entreprise de téléphonie mobile (Everything Everywhere) en Grande Bretagne, et prévu en mars dernier de partager leurs réseaux mobiles en Europe de l’Est (Pologne, Autriche, Roumanie), Deutsche Telekom et France Télécom franchissent donc une nouvelle étape.
Les autres chantiers d’avenir sur lesquels Deutsche Telekom et France Télécom entendent collaborer, la couverture Wi-fi ou le M2M, démontrent à l’évidence qu’il s’agit bien plus que d’une simple collaboration technique. Des synergies importantes sur le marché entreprises, entre Orange Business Services et T-Systems, deux acteurs présents dans le monde entier, pourraient encore être mises en œuvre.
Les gains financiers obtenus via ces rapprochements successifs rendront difficile, voire impossible, tout retour en arrière. Les deux entreprises semblent entrer dans un processus de rapprochement progressif de leurs activités, susceptible de conduire à terme vers une fusion totale ou partielle des deux opérateurs.
Le modèle de coopération entre Deutsche Telekom et France Télécom peut désormais être comparé à celui de l’Alliance Nissan-Renault. Deux entreprises dont les cultures sont respectées mais qui ont mis en commun leurs filiales à l’étranger et centralisé leurs services achats.
Il est vrai qu’il semble spontanément difficile de rapprocher deux opérateurs historiques sans susciter de vives réactions de part et d’autre du Rhin.
Au-delà des simples économies d’échelle, il manque un véritable projet industriel pour faire face aux géants de l’Internet que sont Apple, Google ou Facebook.
C’est à cette réponse que doivent désormais s’atteler les dirigeants de France Télécom et de Deutsche Telekom s’ils veulent construire un véritable géant mondial.