Lors de l’e-G8 organisé aux frais de la République et du contribuable par le remarquable Monsieur Besson et l’agence de communication Publicis, c’est entre coupes de champagne et petits fours au caviar que le dirigeant de cette dernière et celui de France Télécom ont eu l’idée d’un fond d’investissement de 150 millions d’euros destiné aux start- ups dans le domaine des nouvelles technologies.
Publicis a pris tardivement le virage du numérique. Ce n’est qu’en 2006 qu’il prend conscience de son retard dans le domaine.
En 5 ans, Publicis s’est vu contraint à investir près de 3 milliards d’euros, notamment en rachetant successivement Digitas à la fin 2006, Business Interactif, l’agence interactive française en 2007, les agences interactives Modem Media aux États-Unis et Wcube en France, Portfolio en Corée en 2008, ainsi que Performics Search Marketing, division de Google (ex DoubleClick) spécialiste des liens sponsorisés la même année, Razorfish à Microsoft en 2009, et au début de cette année Rosetta…
Il y a quelques semaines, Publicis a racheté Big Fuel, une agence new-yorkaise spécialisée dans les médias sociaux.
Pour autant, il convient de saluer l’habile stratégie d’acquisition de Maurice Levy pour pallier à l’incapacité industrielle organique de son groupe dans la communication digitale…
De son coté, France Télécom n’a pas su démontrer sa grande capacité d’innovation ces dernières années. Preuve s’il en est qu’Orange Valley, symbole du génie créatif de son dirigeant emblématique Didier Lombard vient de disparaitre, absorbé sans tambours ni trompettes par les services de R&D de France Télécom.
Au début des années 2000, France Télécom a procédé à l’acquisition de quelques start- ups qu’il a été incapable d’intégrer et qui se sont dissoutes dans le magma technocratique de l’ex-géant français des télécoms.
France Télécom a raté toutes les grandes innovations technologiques : son moteur de recherche Voilà est inexistant, il est absent des réseaux sociaux auquel son dirigeant ne croyait pas, sur le commerce en ligne Alapage a été un échec cuisant… Quant à l’internet mobile, il aura fallu attendre Apple et son iPhone.
France Télécom possède déjà un fond dédié à l’innovation : innovacom. Pour autant , rares sont les synergies avec le groupe.
Dès lors, que penser de cette opération ? Une simple annonce médiatique ? Une initiative visant à masquer le bilan particulièrement maigre d’un e-G8 dispendieux ?
Si certains dirigeants prennent conscience de l’incapacité des grands groupes français à faire vivre en leur sein de véritables structures générant de l’innovation, il serait peut-être temps qu’ils comprennent que les seules logiques financières qui animent leur management ne peuvent que conduire à l’étouffement de la créativité du personnel de leurs entreprises.
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