Money, Money… Orange à Madagascar

Orange Money permet le paiement et le transfert d’argent par téléphone mobile. Cette offre a été lancée depuis plusieurs années maintenant dans nombre de pays d’Afrique dans lesquels France Télécom est présent. Le succès de cette solution paraissait acquis…

Le client ayant souscrit au service achète des unités de valeur de monnaie électronique auprès du réseau de distribution. Ces unités sont stockées sur un compte lié à son téléphone mobile, et utilisables pour réaliser des opérations telles que dépôt et retrait d’argent, transfert d’argent de particulier à particulier, achat de crédit de communication, etc.  Certaines de ces fonctionnalités sont payantes.

A Madagascar, la Direction d’Orange a décidé d’un faire un usage surprenant…

Sans doute pour en populariser plus rapidement l’usage, elle a décidé de procéder au versement d’une partie du salaire mensuel de chaque salarié sur son compte Orange Money. Les salariés n’avaient émis aucune objection, la Direction ayant majoré les salaires de 4% pour compenser les frais du même montant facturés à chaque opération.

Dans un second temps, les salariés ont été fortement incités à ne pas retirer leur salaire de leur compte Orange Money, mais à le dépenser directement dans les 1 500 points de vente partenaires du service.

Hélas, il s’avère que la majorité de ces points marchands majorent de 4% le prix de leurs marchandises, dès lors que le paiement se fait par Orange Money…

La direction a bien proposé une rémunération de 4 à 6% des comptes Orange Money, en fonction du montant épargné, mais celle-ci ne s’applique qu’à partir du moment où le solde du compte reste suffisant pendant au moins 1 mois, luxe que les salariés d’Orange Madagascar sont très loin de pouvoir s’offrir !

Si par bien des égards Orange Money offre des facilités pour payer, l’absence d’universalité d’un tel système se heurte à l’usage parfois plus fluide du paiement en monnaie et billet.

Le Directeur Régional de la Fonction Publique, du Travail et des Lois Sociales (équivalent de l’Inspection du Travail en France) a été saisi au mois de juin 2011 de cette situation ubuesque…

Et sa réponse ne manque pas de piquant : « il existe des employés qui renient, à tort ou à raison, au propre produit de votre entreprise. Les résistances aux changements sont toujours objectivement vérifiables et nous sollicitons les parties aux contrats d’entamer une discussion franche et transparente » non sans avoir préalablement rappelé que conformément à la Convention Internationale du Travail que l’article 6 prévoit que le travailleur « doit disposer de son salaire à son bon gré… »

Les acteurs des innovations technologiques ne doivent pas oublier la dimension humaine. A défaut, ils verront leurs produits rejetés… Orange Money  vient à Madagascar d’en faire la cruelle expérience…

 

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